Lascivement les alizés
lisent dans le ciel
les volutes légères
des lumineuses lucioles
Folles à délier
l'enlisement lactée
où elles s'élancent
Denise Doderisse
Lascivement les alizés
lisent dans le ciel
les volutes légères
des lumineuses lucioles
Folles à délier
l'enlisement lactée
où elles s'élancent
Denise Doderisse
Demain je serai Arbre
Olivier au tronc nouailleux
qui fait chanter ses feuilles grisées
comme cigales
Au cœur de l'été
Demain je serai Arbre
Platane tenue camouflée
qui fait bruire ses feuilles géantes
comme mistral
au cœur de l'été
Demain je serai Arbre
Mûrier-platane parasol
qui allonge ses gracieux rameaux
comme épanoui
pour danse d'été
Demain je serai Arbre
Peuplier à barbe argentée
qui fait miroiter ses feuilles
comme pièges
pour moineaux d'été
Demain je serai Arbre
Cyprès avec port élancé
qui fuit la terre et rejoint le ciel
comme la sterne
en vol spiralé
Demain je serai Arbre…Enfin …
Denise Doderisse
Je sais le souffle du vent
sur les champs glacés d'hiver
ponctués de points-virgules
Je sais le souffle du feu
qui pousse sa haute flamme
tel un contre-ut de soprano
Je sais le souffle de la mer
sur les infinis bleutés
saupoudrés de sucre blanc
Je sais le souffle de la brise
qui couvre les fleurs de plumes
et donne à l'oiseau ses couleurs
Je sais le souffle de vie
qui me retient suspendue
au-dessus du gouffre mortel
Je sais le souffle d'amour
qui enveloppe mon âme
d'une aura parfumée
Denise Doderisse
Avec le temps la vie s'écoule
et retient parfois dans son lit
le galet satiné d'un souvenir
Je me souviens de ce jour où
la main que j'allongeais vers toi
présageait l'étreinte selon l'usage
Au mépris de toute étiquette
élégamment tu t'es penché
en un mouvement souple et suranné
Et tu as effleuré ma main
Hommage d'un autrefois désuet
nimbé d'un charme imprévu et magique
Las ! Mon cœur piètre funambule
a perdu tout bel équilibre
sur le fil doré de ce baisemain
Denise Doderisse
Le ciel hisse le grand pavois
si bleu si calme
La noire frégate dans ce bleu
déploie son vol
Si serein si calme
Le pélican las de pêcher
replie ses ailes
Si rêveur si calme
Larges éventails du palmier
sous l'alizé
bruissent froissés
En silence le temps déplie
l'éphéméride
Aucun miroir
pour refléter
l'agitation insensée
de l'humanité
Denise Doderisse
Deux et deux font quatre
Oh !Combien de fois
ai-je dû entendre
cette vérité
quand j'étais enfant
Une enfant très sage
qui ne rêvait pas
qui ne voyait pas
les plumes d'argent
qui n'entendait pas
le chant attirant
du bel oiseau-lyre
Délire défendu
Délire interdit
Alors l'enfant sage
écoutait le maître
Alors l'enfant sage
répétait sans cesse
la parole issue
d'un monde inconnu
tout à découvrir
Un jour m'a frôlée
l'aile de l'oiseau
Alors mon passé
soudain libéré
J'ai suivi l'oiseau…
Deux et deux font …
J'ai oublié la chanson
Denise Doderisse
Une place blanche et vierge
Que personne ne peut atteindre
Le silence des algues mouvantes
Dans l'eau claire
Le silence tel un écran blanc
Comme neige sur champ labouré
Le silence vivant des hirondelles
Dans leur valse assoiffée
Au-dessus de l'étang
Mon silence est mon blason de noblesse
Une rosette d'honneur accrochée à mon cœur
Un silence libéré de tous mots
Où seul le regard tisse un lien fragile mystérieux
Et soudain surgit le silence
Denise Doderisse
Ma fée mon lys blanc mon cristal
Ma splendide ma scintillante
Je reste muette à cette apparition
le regard suspendu à cet instant
Ma princesse ma neige ma pure
Ma merveille ma surprenante
Je contemple cette image vivante
aux yeux de jais brillants de contes
Ma braise ma flamme ma rougeoyante
Ma beauté ma douce ma tendre
Mon incertaine
J'ai toujours en moi l'empreinte
de ce bonheur de fin d'été
Denise Doderisse
Se laisser caresser
par la vague
comme pélican posé
lassé de pêcher
Regard errant sur
le sinueux serpent d'écume
dépliant l'horizon
Écouter les histoires
que raconte
le dessin changeant sans fin
des nuées blanc-bleu
Humer l'alizé
joueur d'espaces parfumés
à la douceur vanillée
Se laisser enivrer
de couleurs
voguant sous l'ardente lumière
si généreusement
accordée
Vivre dans ces beautés
Les cueillir
avec la grâce de l'enfance
qui ne demande rien
à la vie
Denise Doderisse
Ma valise est devenue lourde
si lourde à porter
Lourde de souvenirs
Des éclatants des exubérants
Des joyeux pleins de rires
Des tristes pleins de larmes
Je la portais si allègrement
Elle me semblait tellement légère
qu’elle en semblait inexistante
Pourquoi est-elle devenue si pesante ?
Je ne la portais pas seule
Et maintenant personne
avec qui la porter
Personne avec qui
ouvrir la valise
et faire revivre un à un
les souvenirs
Ma valise de souvenirs
est devenue lourde
Trop lourde à porter
Denise Doderisse