Où donc est passé le tacot d'antan ?
Lui qui s'amusait à prendre son temps.
Le tacot d'antan, au dire des experts,
Comparé au train, a l'air très vulgaire.
Ses wagons vieillots et sa voie métrique,
Sa loco poussive semblent archaïques.
Le " Chemin de fer de Grande Banlieue "!
On acceptait mal ce nom prétentieux.
Mais les usagers se réjouissaient bien
De le surnommer d'un trait sibyllin.
Pour eux, il musait le long du coteau
Et traçait sa route, façon escargot.
Il tournicotait au milieu des champs,
Vignes et prairies en se dépliant,
S'arrêtant souvent pour se reposer,
Car on perd son souffle quand on veut grimper.
Mais la lenteur même de ce limaçon
Générait l'échange des conversations.
Se nouaient bientôt des liens amicaux
Qu'orchestrait en chef la fichue loco.
Quand s'interrompait tout le branle-bas
Des roues et wagons cessant leur polka,
S'installait alors un brusque silence.
Et les passagers, avec éloquence,
Exprimaient leur joie, tout comme les oiseaux
Heureux de pépier, à tire-larigot.
Hélas ! Disparue toute flânerie.
Enfuie, sa compagne, douce bonhomie.
Maintenant les trains sont fort impatients !
Où donc est passé le tacot d'antan ?
Denise Doderisse