Un chat vêtu d'élégance noire
s'était allongé, un soir,
sur les bords d'une mare
fleurie de roses nénuphars.
Il se délectait de cette fraîcheur riante
et savourait en silence cette heure apaisante.
Il s'étirait de plaisir et prenait plus que sa place,
illustrant ainsi qu'il n'avait nulle angoisse.
Cette jouissance fut brutalement interrompue
par le saut d'une grenouille menue
dont l'habit vert s'enlaçait à la couleur ambiante,
bond suivi d'une étrange vibration traumatisante
à son oreille de Raminagrobis.
Cependant la grenouille, ignorant qu'elle portait préjudice,
s'en donnait à coeur joie,
n'ayant nul besoin d'un porte-voix,
heureuse de ce moment furtif
où elle pouvait enfin exprimer son imaginatif,
sans craindre qu'on vînt la tourmenter
ni qu'on lui cherchât embrouille.
Le chat, fin gourmet, n'appréciait pas vraiment les grenouilles.
Pour un repas nocturne,
il eût préféré une souris taciturne.
Mais ces sons pour lui discordants
ne pouvaient lui percer les oreilles plus longtemps.
Il ne supputa pas ses chances et d'un bond,
pour se défaire de ce trublion,
il sauta sur la feuille de nénuphar
avec la prestance d'un jaguar !
Il en fut pour une trempette
car la grenouille divette
et surtout bien plus preste
s'en alla au loin
chanter son joyeux refrain
Denise Doderisse