mouettes et cygnes absents
Seine désertée
confinement
Denise Doderisse
Le soleil noir naissant
Fragile et poussiéreux
Comme cœur en suspens
Denise Doderisse
LE CHAT
Je suis heureux et pourtant je suis un chat noir, porteur de maléfices !
Mais mes bottines blanches et la petite tache blanche sous ma truffe me donnent un air original. Quant à mes vibrisses, elles sont longues joliment recourbées.
Je suis élégant et convivial ce que répètent souvent les invités de ma maison. Quel plaisir pour mon égo.
J'ai un maître qui se plaît à me caresser longuement et tendrement mais quand j'en ai assez je m'en vais pour me sortir un peu. Il ne me retient pas, heureux de mon indépendance.
Il s’amuse à me regarder faire des bonds pour attraper un papillon, ce que je réussis rarement , je l'avoue. Il n'en va pas de même des souris que j'apporte, cela ne semble pas trop lui plaire et il les déniche plus vite que moi et ne les fait pas souffrir.
Il se plaît à me voir m'allonger au soleil dans les herbes du jardin ou sur l'allée cimentée qui me réchauffe les jours d'hiver ensoleillés. Il vient me rejoindre et je me roule sous ses caresses en toute confiance.
Ma maison est une excellente maison où je suis bien nourri, une nourriture équilibrée qui me laisse svelte.
Il me secoure si je prends trop de risques comme aller sur le toit de la maison qui est à vingt mètres de haut et n'hésite pas lui-même à prendre des risques.
Le seul dommage – mais il faut être sage - il ne me laisse pas sortir la nuit. Il a ses raisons et je suppose qu'il tient trop à moi pour que je risque de me faire écraser.
Denise Doderisse
une colombe
froisse l'air limpide
de ses ailes blanches
Denise Doderisse
ciel gris
froissement blanc
oie sauvage
Denise Doderisse
J'attends… Le temps s'allonge…
Je t'attends… Le temps s'étire…
Chorégraphie du crayon à bille
Afflux impitoyable de figures
Douloureux pas de deux
avec la sombre Absence
Pointes cruelles
Pas courus perdus
Coda désespérée
Bille tourne sans fin
Et tourne l'aiguille du Temps
qui égrène son rosaire…
ses quinze mystères…
les joyeux les glorieux
les lumineux les douloureux
ses quinze dizaines d'ave-minute
tourne tourne l'aiguille
et les quinze pater des heures
Perles du grand chapelet égrenées
Espace étréci à ces quinze dizaines…
Se resserrent les tenailles angoissantes Espace-Temps
Enfin…Toi
Denise Doderisse
La lumière de janvier reprend de l'ampleur et s'allonge paresseusement.
Les flèches d'or du forsythia animent février et éveillent l’œil du chaland.
Les vives eaux de mars déchiquettent les pâquerettes et le vent joue avec leurs haillons.
Les nuances d'avril déferlent, violine de la monnaie-du-pape, bleu myosotis, jaune des mahonias, sur fond de tulipes alanguies.
Joli mois de mai parfumé des senteurs de roses écloses chatouille l'odorat dans l'air devenu plus léger.
Escorté de bataillons aux nuances vif argent, juin a pris ses quartiers bleutés, accompagné de son aide de camp zélé, le soleil.
La flore commence à s'engourdir avec juillet qui l'assoupit de sa chaleur.
Les orages d'août déversent des opales de pluie au long des fleurs assoiffées.
Les feuilles en septembre osent un soupir incarnat et se laissent parfois glisser en un lent mouvement de valse.
L'astre d'octobre se glisse au dos de masses sombres puis chasse ces importuns et installe sa douce lumière.
Un châle de brume assombrit le ciel de novembre où se noient les lueurs d'espoir.
Le chemin de décembre qui court vers Noël se couvre de buissons chenus et d'épines cristallines. L’espoir renaît.
Denise Doderisse
J'aime ce temps gris et doux
quand le brouillard dépose
un voile léger
sur toute réalité
Alors je me rencoquille
tout au fond de moi-même
Lovée dans la brume
Nimbée de sérénité
Et… mes chagrins se reposent
Denise Doderisse
Hiver installé en ce jour premier
avec gardes du corps armés
Vent du nord - Pluie glacée -
sous un lourd voile de nuages noirs
Hiver installé en ce jour premier
avec ses laquais de chagrins
- souffrances et douleurs -
en habits brodés d'un fil de malheur
Pour défier Hiver déjà installé
hautes flammes ensoleillées
déchiquettent en loques
son voile noir qui soudain pendeloque
Pour défier Hiver déjà installé
amour amitié sans partage
tissent fine dentelle
en solides fils de bonheurs dorés
Denise Doderisse