filaments de ciel
pour chevelure bohème
le bleuet brouillon
Denise Doderisse
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filaments de ciel
pour chevelure bohème
le bleuet brouillon
Denise Doderisse
Le bel aujourd'hui s'est emparé de l'azur
Avec l'audace qui évince les nuées
Et suspend dirait-on la vie éberluée
Devant ce manège pareil à l'enclosure
Alors les oiseaux en tendre demi-mesure
Secouent l'audacieux de leurs chants enjoués
Et puis les cigales de leurs cris stridulés
le déchiquettent en font de la dentelure
Sa virginité brisée il reste pourtant
Ce vivace jour d'hui ô combien insouciant
Lui qui méconnaît les gageures de la vie
Il n'est que le présent dont il jouit ardemment
Et n'a pour la kyrielle des jours que mépris
Il reviendra demain en Phénix triomphant
Denise Doderisse
Mais où sont les rails d'antan ?
Toujours là elles veillent
percluses de rouille
mais vivaces
Elles battent la campagne
en un voyage immobile
au travers des champs et prés
Surveillent en passant
les fleurs aux fenêtres
de ses garde-barrières
d'antan
Toujours là elles veillent
Mais plus de locomotive
tonitruante et poussive
Plus de wagons serpentant
comme fil
à linge dans le vent
En lieu et place un chariot
et deux poussifs pédalant
pour que sonne au long des rails
la musique
des trains d'antan
Plus de fumée Autant de rires
Ne regrettons pas les rails d'antan
Denise Doderisse
Vous étiez mon abri mon nid d'herbes douces
Ma rose de porcelaine ma liane de jade
Mon oiseau de paradis ma pluie de corail
Mon pourpre lilas des Indes et mon balisier
Vous étiez ma mangue onctueuse et si tendre
Ma pomme cannelle fragile sous sa rude écorce
Mon fruit de la passion dans sa modeste robe
Mon corossol doré de fraîcheur étoilée
Et vous étiez mon majestueux flamboyant
Mon palmier larges palmes et mon arbre de soie
Vous étiez mon abri mon nid d'herbes douces
Ma rose de porcelaine ma liane de jade
Dedans le paysage aride de mon âme
Denise Doderisse
Clarté sombre de la lune
Ovale bienveillant
Dans la nuit sombre
sourit la clarté des étoiles
Denise Doderisse
Silence du désert
minute de silence
pauses et soupirs
qui assurent la musique
silence de l'amitié
Au bout de moi est un long silence
d'éternité
un nid de silence
gardien de mon exil
sur cette terre
Denise Doderisse
Le buis je n'aime pas
On m'obligeait à la Messe des Rameaux
d'en rapporter des branches
qui sentaient la Mort
Six ans : dire ses prières
pour que maman n'ait plus de chagrin
et qu'un monsieur inconnu revienne
A genoux sur le dallage froid du plein hiver
Intervention brutale de ma mère
Confirmation
Je me prends les pieds
dans le tapis rouge
après la claque sacrée
Dieu saura-t-il me pardonner
Jours précédents la Communion dite solennelle
J'essaie la robe qu'avait portée ma sœur
Je me sens tellement heureuse
que je me mets à danser...
Horreur et sacrilège !
Oser danser avec une robe réservée à Dieu
Doigts écrasés par un rocher
Sacrifice offert à Dieu...
qui, ensuite, ne m'a plus parlé !
Denise Doderisse
Je ne sais plus les saisons
Depuis que tu es parti
Sans aucune rémission
Le printemps est déraison
Sans couleurs et plein d'ennui
Je ne sais plus les saisons
L'hiver est exhalaison
De tristesse et perfidie
Sans aucune rémission
L'automne a perdu ses tons
Il se noie dans les vert-gris
Je ne sais plus les saisons
Et l'été ce parangon
Me soûle de purs soucis
Sans aucune rémission
Le glas renvoie d'obscurs sons
Qui entraînent vers l'oubli
Je ne sais plus les saisons
Sans aucune rémission
Denise Doderisse
De la musique avant toute chose
Et ses notes en vrilles serrées
qui glissent sur le fil des idées
sur la pointe des cœurs trop moroses
Vois là les croches et double croches
Qui escaladent blanches et noires
Les triple croches crient leur espoir
d'opérer une subtile approche
Toutes virevoltent en un ballet
Où grâce et harmonie se marient
en intense fantasmagorie
Elles s'égrènent comme chapelets
Elles raturent l'espace rayent le temps
Endiguent le vain cheminement
de la solitude brillamment
Imposent leurs troublants contre-temps
De la musique avant toute chose
Alors le violent fracas des guerres
S'envolera au diable vauvert
De la musique avant toute chose…
Denise Doderisse