En réponse à un défi de Carambaole, sur le thème " Faire parler un objet ", défi que Jill Bill a remporté haut la main, j'avais écrit ce texte que je vous propose...
Une main me recouvre et me fait voyager...sur le plan lisse et plat d'un bureau ou d'une table... Je n'ai pour perspective qu'une vaste plaine avec pour légers reliefs des feuilles et des feuilles et encore et toujours des feuilles de papier, tout aussi plates que la plaine ! D'ailleurs, que viennent faire là ces feuilles, à l'ère de l'informatique, le seul monde où moi, souris, je me sens exister, je m'interroge !
Et la main qui m'enserre me promène de ci, de là, sans souci de ma fatigue, voire de mon épuisement que je sais néanmoins manifester par une déroute complète. Et je m'évade ...Je sens alors l'excitation de la main qui me tient. L'index s'agite car ma présence, ou mon absence, hors champ, matérialisé par une flèche - signe évident de la reconnaissance de ma rapidité - n'est pas tolérable pour la main qui frémit, s'émeut de ne plus me voir, essaie fébrilement de me rattraper. Je parle pour les novices mais les experts en manipulation sont encore plus assommants car ils se croient tout permis et me considèrent véritablement comme leur esclave...
Je n'ai pas la liberté de mes homonymes qui se promènent un peu partout dans les greniers des maisons,quelquefois dans la maison même, ou dans le jardin ou la campagne avoisinante, à la recherche d'un petit déjeuner. Il est vrai que mon régime est austère : une pile que je consomme plutôt lentement...Cependant je dois faire des appels désespérés pour que l'on daigne m'approvisionner!!!
Et dans ce cas, ce n'est pas drôle non plus : on m'autopsie, enfin j'exagère, mais on m'ouvre le ventre. Je spasme quelques secondes surtout si la main qui me tient, ou ne trouve pas la pile adéquate ou ne sait pas comment la positionner. Et moi, j'attends...
Mais je ne suis que la souris de l'ordinateur...
Denise Doderisse