LE LAPIN ET LE CHAT
Un lapin vivait en douce compagnie
d'une petite Emilie-Jolie.
La vie coulait paisible avec force caresses
et des pâtées remplies d'ivresse.
Or il advint qu'Emilie-Jolie eût le souci
de se doter d'un chat de compagnie.
Ce chat - nature indépendante -
demandait peu d'attentions.
Mais, comme à tout bon chat, il était agréable
qu'on fût à sa disposition
et qu'on joignît l'utile à la tendresse.
Le lapin silencieux ne l'entendait pourtant point
de cette oreille qu'il avait grande.
Que venait faire cet intrus, aussi noir que diablotin,
qui détruisait l'harmonie existante ?
Lui, lapin blanc, ne demandait rien
car il était lapin de bien.
Il restait dans un coin
attendant tristement que le nouveau venu
fît quelque effort de bienvenue,
voire d'intégration
si ce n'était de mutation !
Le chat, de noir vêtu,
se souciait peu de prêter amitié
A ce sire velu
dont blancheur extrême et langage sibyllin,
fort différents de ceux mêmes d'un humain,
lui semblaient constante incitation
à coups de pattes et griffes assorties
envers cet animal si peu semblable à lui,
peureux et introverti.
Emilie-Jolie tenta, telle médiatrice,
de faire régner la justice
entre ses deux amis.
Mal lui en prit !
Le lapin, outré de tant d'indignité et de mauvaise foi,
sans les moyens d'arguer de son bon droit,
décida de leur fausser vertement compagnie.
Aucune intégration, aucune harmonie,
si le souci n'en vient des deux parties.
Denise Doderisse